Vendredi 5 juillet : Soutien à un·e militant·e intersexe et antifasciste

Ce vendredi aura lieu le procès d’une personne accusée d’avoir participé à l’endommagement du Bazar, face à une partie civile composée d’ancien·ne·s membres de l’Alvarium ou sympathisant·e·s, a été lancé un appel à soutien pour le·a militant·e intersexe à 13h devant le tribunal d’Angers.

Le jeudi 13 juin, iel a été perquisitionné•e à son domicile puis mis·e en garde à vue avant d’être incarcéré·e à la maison d’arrêt d’Angers. Trois jours plus tard, iel a été libéré·e suite à son refus de comparution immédiate et à sa demande en vue de préparer sa défense. Les raisons qui poussent les militant·e·s à s’engager dans les luttes antifascistes sont multiples, relèvent à la fois d’expériences intimes et collectives.

Extrait du témoignage de la personne concernée:

“Je m'appelle Max, j'habite à Angers et je suis un•e militant•e antifasciste et intersexe, je suis né•e au début des années 90 en région parisienne. Après ma naissance ma variation génitale (hypospadias(1))  a été opérée dès mes 18 mois. C'était censé être une intervention de routine pour "corriger" un problème de canal urinaire. Cette chirurgie n'a tenu que 1 ou 2 ans, et c'est le premier souvenir d'enfance que ces points de suture qui éclatent quand je vais aux toilettes de l'école maternelle. J'ai ensuite subi quatre "rattrapages" de cette chirurgie ratée avec différents chirurgiens de l'APHP, avec d'autres complications jusqu'à mes 7 ans. Vers 11 ans, j'ai subi une ectopie du testicule gauche, c'est-à-dire la descente par chirurgie d'un testicule dit "ascenseur", fait en réalité pour empêcher le développement à la puberté de caractéristiques sexuelles secondaires jugées plus féminines. [...]

La découverte d'histoires d'inters ayant échappé à ces opérations non-consenties ou étant né•es avant ces protocoles a été précieuse, nous avons toujours été seul•es et sans représentations positives des nôtres, avec l'idée qu'il ne fallait pas se plaindre car nous étions "guéri•es". En réalité nos corps étaient sains, il n'y avait et il n' y a toujours aucune urgence vitale pour justifier ces interventions.

L'accès au savoir et à la communauté est une nécessité vitale pour toutes les minorités. Mon parcours vers un semblant d'autodétermination à été chaotique, je n'ai jamais vraiment compris mon inadéquation au monde, d'où venait mes syndromes post-traumatiques ni les pensées envahissantes qui ont jalonné mon enfance et mon adolescence. On nous a beaucoup menti et relayé les mensonges du milieu médical. Il a fallu que je fréquente des milieux autonomes féministes et transféministes et que je croise des personnes pleines de courage et de dignité qui m'ont enfin permis de me reconnaître en tant que victime, et non pas en tant qu'enfant malade, frappé par le destin, celleux que la société plaint facilement pour se donner bonne conscience, sans remise en question concrète de comment se reproduit le patriarcat, le racisme, l'homophobie et le validisme.

Il n'y a rien de pire que d'être soumis•es à un diagnostic qui d'un coup détruit tous vos droits fondamentaux. Au nom d'un soin qui n'en est pas un, on se permet tout sur nos corps.

Ces mutilations sont pour les urologues en chirurgie pédiatrique une occasion de parfaire leur technique, d'acquérir du prestige en s'entraînant sur des cobayes que personne ne va plaindre. Iels oeuvrent à la normalisation des corps, à rendre la biologie tristement hétérosexuelle, à maintenir l'illusion d'une binarité des sexes strictement hermétique. [...]”

Le témoignage complet est à retrouver sur les réseaux sociaux ici.

Stop mutilations intersexes! Ni oubli, ni pardon!

1-hypospadias = "fente en dessous" en grec, diagnostic utilisé par la médecine pour pathologiser les personnes intersexes qui sont généralement assignés garçon, il existe plus de 40 diagnostics médicaux qui désignent des variations intersexes.