Privatisation de l’enseignement supérieur : A Angers comme ailleurs !

Dans son dernier numéro, la Topette dresse un état des lieux du développement des entreprises privées dans l’enseignement supérieur. Depuis la réforme de l’apprentissage en 2018, ce genre de structures explose au détriment, bien sûr, de l’enseignement public qui paie la mise en place de Parcoursup.

Un secteur en plein boom
Il suffit de se promener sur le campus de Belle-Beille pour se rendre compte que le nombre d’écoles a explosé depuis quelques années, tout comme le nombre d’étudiants. Cette augmentation est le résultat du baby-boom des années 2000 et d’un accès accru aux études supérieures. Depuis 10 ans, le nombre d’étudiants a augmenté de 600 000 personnes. Cette hausse profite avant tout au privé, où 26 % des jeunes sont inscrits contre 15 % il y a 10 ans.
Le développement de ces entreprises privées, qui fonctionnent en réseau d’écoles comme l’ESPL, est exponentiel. De nouveaux cursus sont créés chaque année, parfois au détriment des étudiants qui servent de cobayes.
La Topette cite le directeur de l’ESPL, qui, pour sa part, estime que ces nouvelles formations répondent à des besoins locaux en lien avec les entreprises du coin. Par ces pratiques, les structures privées créent des diplômes et des travailleurs à la botte des patrons.
Si le privé se développe autant, c’est qu’il profite des difficultés rencontrées par l’université d’Angers, qui peine à absorber la hausse du nombre d’élèves à cause d’un financement insuffisant. Par exemple, alors que le financement moyen d’un étudiant est de 7 200 €, l’université d’Angers ne fonctionne qu’avec 5 700 € par personne. Le nombre d’étudiants à Angers a augmenté de 37 % alors qu’en parallèle, le nombre d’agents n’a augmenté que de 9 %. Depuis 2018, le privé profite également de Parcoursup en récupérant tous les élèves qui n’ont pas reçu d’affectation.

Un marketing agressif
Bien que les termes « licence » ou « master » soient strictement protégés, ces écoles développent des « mastères », des « MBA » (Master of Business Administration) ou des « bachelor ». Ces appellations sans réalité concrète ne sont reconnues que par le ministère du Travail, pas celui de l’Enseignement supérieur. C’est le taux d’insertion professionnelle des anciens élèves (chiffre fourni par l’école, donc juge et partie) qui est évalué et non la qualité des cours. Ces diplômes ne permettent donc pas, ou très peu, la poursuite des études dans le public. Si les écoles privées s’affichent sur les abribus à coup de visuels multicolores, elles oublient bien souvent cette vérité.

La qualité des formations en question
Un des principaux problèmes que pose l’enseignement supérieur privé est son rapport au financement. Depuis la réforme de l’apprentissage de 2018, les entreprises et les écoles ont accès à une main-d'œuvre bon marché en grande quantité. Cela leur permet de capter une partie des 17 milliards d’euros d’aide de l’État. L’objectif des écoles est de recruter un maximum d’élèves pour continuer à faire exploser leurs bénéfices.
Dès lors, face à ces logiques marchandes, la qualité des enseignements est à interroger. De nombreux témoignages et reportages (
Complément d’enquête d’avril sur France 2) montrent un schéma récurrent : absences nombreuses de profs, profs non formés, voire des fermetures d’écoles en cours d’année. Un des effets pervers de ce système, c’est que ce sont les enfants des classes populaires qui sont touchés par ces dérives des écoles privées, tandis que les enfants des classes aisées maîtrisent mieux les codes de Parcoursup et accèdent plus facilement à l’enseignement supérieur public. Un comble !

Retrouve l’ensemble de cet article dans le dernier numéro de La Topette.

Encore une fois, le désengagement de l’État dans le service public d’éducation est source d’inégalités et de souffrance pour les usagers.
SUD éducation demande la nationalisation des établissements privés et la mise en place d’un plan d’urgence pour le financement des universités.