Laurence de Cock, historienne et essayiste française, porte un regard sans concession sur le projet Attal/Belloubet du choc des savoirs.
Une lutte de classe?
Alors que la mobilisation tente autant que possible de s'étendre, certains marqueurs sociaux tendent à se développer. Par exemple, les établissements les plus mobilisés sont majoritairement ceux implantés dans les quartiers populaires ou sur des territoires isolés (collège désert, réunion publique...) là où les parents des couches sociales les plus favorisées semblent se satisfaire de la réforme en cours ou pensent que leurs enfants y échapperons.
Une école archipellisée
La réforme actuelle, selon l'auteur, "introduit un modèle d'archipel, où les élèves sont classés en fonction de leur niveau dès l'âge de 11 ans". Cette classification, basée sur des évaluations standardisées, "crée une hiérarchisation rigide entre les élèves".
Cette approche ignore les spécificités de chaque enfant, les enfermant ainsi Comme le dit Laurence de Cock, "l'école (va) assigner une trajectoire scolaire à des enfants dès la 6è en les enfermant dans une "île" dont ils auront beaucoup de mal à sortir".
Une compétition entre élèves semble inévitable pour éviter d'être classés dans les groupes les moins favorisés. En effet, "le groupe des nuls" subira stigmatisation, moquerie.... Cette situation, loin de favoriser la démocratisation scolaire, "restreint les choix des enfants" et "renforce les inégalités sociales et culturelles".
Cette approche va à l'encontre des principes d'entraide, de coopération et de solidarité qui devraient être au cœur de l'éducation. En privilégiant la performance et la compétition, elle nuit à la construction d'une société égalitaire et inclusive. Comme le conclut l'auteur, "il n'en sortira rien de bon, ni pour les enfants, ni pour la société modelée par la quête de performance et la rancœur et frustration qu'elle fabrique".
Derrière la petite touche de nostalgie
Le gouvernement utilise habilement la nostalgie de l'école d'autrefois pour promouvoir des réformes régressives. Cela consiste à "activer cette petite musique pour provoquer de l’adhésion à ses mesures, même aux pires". Ces changements, qualifiés de "la réforme la plus régressive qu’ait connu l’Éducation nationale depuis le régime de Vichy", incluent la labellisation des manuels scolaires, la fin de la liberté pédagogique des enseignants, et la généralisation des évaluations nationales.
Cette approche transforme l'école en un système axé sur la performance statistique, ignorant les besoins individuels des enfants et sacrifiant leur épanouissement au profit de la compétitivité internationale. Comme Laurence de Cock l'a exprimé, dans cette école à venir, "la seule compétence des enfants prise en considération sera sa capacité à cocher des cases dans une évaluation pour faire grimper la France dans le programme de comparaison internationale PISA".
Ce combat contre ces mesures n'est pas seulement corporatiste ; c'est une lutte pour une société fondée sur des valeurs humaines et égalitaires. Comme évoqué dans l'article, "les enfants les plus favorisés seront protégés, ailleurs. On leur offrira des vacances, des activités extra-scolaires … Mais les autres ?".
La sélection et l'exclusion qui en découlent devraient nous interroger sur notre responsabilité collective dans la création d'un système éducatif juste et inclusif. Comme le conclut l'historienne "N’aurions-nous pas un peu honte de l’avoir accompagnée ?".
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